La pollution lumineuse : définition, impact et lutte
- Article mis à jour le 31 janvier 2024
- 11 min de lecture
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La pollution lumineuse n’est pas la plus connue, ni la plus débattue des pollutions. En effet, alors que les questions des déchets, des eaux souillées, de la dégradation des qualités de l’air et du sol alimentent nombre de débats depuis des décennies, il est rarement fait état des nuisances engendrées par les éclairages artificiels.
Aujourd’hui, que ce soit en France ou dans le Monde, il est de plus en plus difficile d’observer distinctement les étoiles. Mais attention, la pollution nocturne ne se limite malheureusement pas à cela : elle agit en effet négativement sur les écosystèmes et la santé humaine. Lutter contre la pollution lumineuse fait donc intégralement partie de la transition énergétique.
Définition de la pollution lumineuse
On parle de pollution lumineuse lorsque les éclairages artificiels sont à ce point nombreux qu’ils dénaturent l’obscurité normale de la nuit. Lorsque le soleil disparaît, un très grand nombre de lumières prennent le relais, bien entendu dans les grandes villes, mais également dans les petits villages ou hameaux : éclairage urbain, vitrines, enseignes publicitaires…
Il n’existe pas qu’une seule sorte de pollution lumineuse. Elle peut en effet avoir plusieurs aspects :
- La sur-illumination, c’est à dire une utilisation trop importante de la lumière, d’un point de vue quantitatif. Il est possible de la mesurer via le nombre de points lumineux recensés sur une zone géographique précise, et par le flux et la durée de cette lumière.
- L’éblouissement concerne l’intensité de la lumière, ou un contraste trop important entre une couleur claire et une couleur sombre. Paradoxalement, la force de la lumière est d’autant plus importante que la source est petite : cela explique notamment pourquoi les ampoules LED sont si éblouissantes par rapport aux autres éclairages.
- Le halo lumineux est une espèce de dôme qui se forme au-dessus des villes. Il est provoqué par de la lumière orientée vers le ciel, en l’occurrence les éclairages urbains. Visible à plusieurs dizaines de kilomètres, c’est ce halo lumineux qui nous empêche d’observer correctement la voie lactée.
Une pollution en pleine expansion
La hausse constante de la population mondiale va de pair avec une urbanisation galopante : les villes sont de plus en plus nombreuses, et de plus en plus grandes. En 2014, un quart environ de la surface de la Terre (hors océans) était touchée par la lumière artificielle, et ce chiffre montait à 88% pour les zones industrialisées.
Si l’on s’intéresse à la France, le nombre de points lumineux créés par l’éclairage public était de 7,2 millions en 1990. Il est aujourd’hui de 11 millions, soit une augmentation de plus de 50% (1).
Chaque année, selon l’Ademe, 13% de la production mondiale d’électricité est consacrée à l’éclairage public et à celui des bâtiments.
Éclairage nocturne : la carte de la pollution lumineuse (Light Pollution Map)
La Light Pollution Map a pour objectif de représenter à l’échelle du monde la pollution lumineuse. On peut ainsi repérer facilement certaines zones qui sont colorées de façon plus ou moins forte, en fonction de la pollution subie.
Cette carte met en évidence que plusieurs critères influencent la pollution lumineuse : la densité de population est bien entendu le premier d’entre eux, mais le niveau de richesse est également évident : des villes comme Londres ou Los Angeles sont clairement mises en exergue, alors que d’autres zones du monde, comme certaines parties de l’Afrique ou de l’Amérique du Sud, sont plutôt dans l’ombre.
L'impact de la pollution lumineuse sur l'homme
Aujourd’hui, 35,9% de la population mondiale ne peut plus observer la Voie Lactée. Ce taux, déjà alarmant, monte à 60% pour les Européens et à 80% pour les personnes habitant en Amérique du Nord (2) ! D’ici une vingtaine d’années, il n’y aura peut-être plus une seule étoile visible depuis la Terre…
Les conséquences de la pollution nocturne ne s’arrêtent malheureusement pas à cela. Elle impacte également la santé des êtres humains, la biodiversité et les ressources de notre planète…
Les conséquences sur la santé humaine
Un être humain possède un cycle biochimique qui repose sur une alternance entre le jour et la nuit. Or, si la nuit n’est plus ce qu’elle est censée être en raison de la multiplication des éclairages artificiels, cela affecte notre bien-être et notre santé.
De nombreuses études ont démontré les conséquences immédiates de la pollution nocturne sur notre sommeil. La lumière diminue en effet notre mélatonine, une hormone qui améliore la qualité du sommeil et nous aide à réguler notre horloge interne. Pour bénéficier de sommeils réellement réparateurs, mieux vaut donc se mettre à l’abri de toute intervention lumineuse intempestive !
Une altération du sommeil a également des conséquences sur notre vie de tous les jours, avec des troubles de l’humeur, de l’attention ou de la mémoire.
Enfin, une perturbation prononcée des cycles circadiens entraîne des risques cardio-vasculaires, de diabète, d’obésité ou de cancers du sein et de la prostate (3).
Focus sur les ampoules LED
Enfin, certaines ampoules LED se révèlent nocives pour la rétine. Les personnes les plus sensibles sont les nourrissons, les enfants ou des personnes qui présentent certaines pathologies oculaires.
Il existe une réglementation, qui stipule que seules les lampes dont le risque photobiologique est égal à 0 ou 1 (respectivement “sans risque” et “à faible risque“) sont autorisées. Malheureusement, certaines sources comme les phares de voitures ou les lampes torches échappent à cette réglementation.
L'impact de la pollution lumineuse sur la biodiversité
Les conséquences sur les oiseaux
Parmi toutes les espèces volantes, les oiseaux migrateurs sont les plus touchés par la pollution lumineuse. Désorientés et gênés par ces sources de lumière inattendues, plus d’un million d’entre eux en sont victimes tous les ans.
Des oiseaux urbains, quant à eux, modifient leur comportement et leur rythme de reproduction en raison des nuits trop éclairées. C’est notamment le cas de la mésange bleue et du merle noir.
Enfin, nous ne sommes pas sans ignorer que dans les grandes agglomérations, les grands immeubles de verre et d’acier éclairés la nuit sont confondus avec des surfaces aquatiques par les oiseaux, qui s’y écrasent. Cela a d’ailleurs conduit certaines villes comme New York à baisser l’éclairage de certains buildings à la tombée de la nuit.
Les conséquences sur les insectes
De nombreux insectes nocturnes voient leur rythme naturel altéré par le sur-éclairage. Des interactions comme la prédation ne sont plus assurées, et certaines espèces éprouvent des difficultés à s’orienter.
Le lien entre pollution lumineuse et déclin des populations d’insectes est indéniable : attirés par les lumières artificielles, ces derniers ne fréquentent plus autant leur écosystème naturel, où ils ont l’habitude de se nourrir. Ils peuvent également mourir d’épuisement face à une lumière, et ils deviennent également une proie pour des araignées qui tissent leur toile à proximité des lampadaires et autres éclairages publics.
Si un grand nombre d’insectes disparaissent, c’est toute la chaîne alimentaire qui est altérée, dans la mesure où ils représentent l’alimentation d’un grand nombre d’espèces.
Les conséquences sur les récifs coralliens
L’alternance entre le jour et la nuit est absolument cruciale pour les organismes marins, car elle leur permet de réguler certains processus comportementaux, biologiques et physiologiques. Ceci est plus particulièrement vrai pour les récifs coralliens.
De plus en plus urbanisés, les littoraux déplorent eux aussi une pollution lumineuse croissante. Le lent et désastreux délabrement de la Grande barrière de Corail, située en Australie, est à ce titre un exemple particulièrement édifiant.
Encore une fois, l’éclairage LED joue un rôle important dans ce désastre, car la lumière bleue peut atteindre des profondeurs plus profondes qu’un éclairage normal. Ce sont ainsi des espèces qui échappaient jusqu’ici à ce type de pollution qui sont aujourd’hui impactées.
Ce phénomène, malheureusement, n’en est certainement qu’à ses balbutiements. La croissance démographique dans les zones côtières est en effet importante, et elle s’accompagne en toute logique d’une pollution lumineuse aux effets dévastateurs.
La lutte contre la pollution et la nuisance lumineuse
Afin de limiter l’ensemble des nuisances liées aux lumières artificielles, la France a mis sur pied une réglementation ambitieuse. Celle-ci entend lutter contre tous les types de pollution : intensité de l’éclairage, sa durée, son orientation, son spectre et sa densité.
La réglementation concerne les éclairages extérieurs, qu’ils soient privés ou publics. On distingue trois orientations :
- La durée des éclairages est encadrée, puisqu’ils doivent être éteints une heure après la fermeture du site ou la fin de l’activité (locaux professionnels, jardins, chantiers extérieurs), et au plus tard à une heure du matin pour l’éclairage du patrimoine, les vitrines et les diverses enseignes lumineuses.
Les éclairages peuvent être rallumés au petit matin à partir de sept heures (ou une heure avant le début de l’activité). En ce qui concerne les enseignes et les publicités, elles peuvent de nouveau apparaître à partir de six heures. - L’éclairage du ciel est interdit, au travers de diverses prescriptions techniques. L’éblouissement latéral est limité et les températures de couleur réduites.
- Il existe parallèlement d’autres règles spécifiques, comme l’interdiction d’éclairer les plans d’eau.
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Je fais une estimationQuestions fréquemment posées
Quelle est la pollution lumineuse ?
On parle de pollution lumineuse lorsque les éclairages artificiels sont à ce point nombreux qu’ils dénaturent l’obscurité normale de la nuit. Il existe plusieurs sortes de pollution lumineuse. On distingue ainsi la sur-illumination, (utilisation trop importante de la lumière), l’éblouissement (intensité trop forte) et le halo lumineux, provoqué par de la lumière orientée vers le ciel et qui nous empêche d’observer correctement la voie lactée.
Quelles sont les conséquences de la pollution lumineuse ?
La pollution lumineuse impacte la santé des êtres humains, la biodiversité et également l’avenir de notre planète. Pour l’espèce humaine, elle entraîne des troubles du sommeil, de l’attention et de la mémoire, ainsi que des maladies cardio-vasculaires, de l’obésité, du diabète et certains cancers.
Ce type de pollution a décimé certaines populations d’insectes, ce qui perturbe grandement la chaîne alimentaire. De nombreux oiseaux ainsi que les récifs coralliens en sont également victimes. Enfin, un éclairage important la nuit épuise les ressources de notre planète et contribue à l’émission de gaz à effet de serre.
Comment remédier à la pollution lumineuse ?
Afin de limiter l’ensemble des nuisances liées aux lumières artificielles, la France a mis sur pied une réglementation ambitieuse. Celle-ci entend lutter contre tous les types de pollution : intensité de l’éclairage, sa durée, son orientation, son spectre et sa densité.
Malheureusement, les effets de cette politique restent limités. En effet, des sanctions sont bel et bien prévues si ces règles ne sont pas respectées, mais faute de contrôle, elles ne sont pour ainsi dire jamais appliquées.
Quelles sont les causes de la pollution de la lumière ?
La pollution lumineuse est due à plusieurs causes, qui sont extrêmement variées. La lumière projetée directement vers le ciel, ou encore réfléchie par le sol, est l’une d’entre elles. Certains éclairages publics mal conçus ou trop intenses y contribuent aussi à leur façon. La lumière blanche, qui a pour effet d’éclaircir le ciel, également.
D’autres causes plus indirectes existent parallèlement, comme le coût relativement bas de l’énergie et l’absence de sanctions en cas de non-respect de la réglementation existante.
Sources
(1) https://www.assemblee-nationale.fr/
(2) https://www.futura-sciences.com/
(3) https://www.senat.fr/