Qu’est-ce que la neutralité carbone et comment l’atteindre ?
- Article mis à jour le 3 juin 2024
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Soutien la transition énergétique
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La neutralité carbone désigne la compensation des émissions de gaz à effet de serre par des mesures visant à réduire ou à éliminer ces émissions.
La neutralité carbone peut s’accomplir en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, en développant les puits de carbone et bien sûr en combinant ces deux ambitions. La neutralité carbone en 2050 fait partie des objectifs majeurs définis lors des Accords de Paris.
Pour atteindre cet objectif, et donc limiter le réchauffement climatique, il est nécessaire de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.
Différents défis doivent être relevés afin de parvenir à la neutralité carbone :
- réduire la consommation d’énergie
- augmenter l’efficacité énergétique
- développer les énergies renouvelables
- réduire les émissions des secteurs agricole, industriel et de transport.
Neutralité carbone : définition
La neutralité carbone désigne un équilibre entre l’émission de gaz à effet de serre et le retrait de ces mêmes gaz de l’atmosphère. Il s’agit d’un objectif majeur dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.
Pour atteindre la neutralité carbone, l’ensemble des émissions de GES doit être compensée par la captation ou la séquestration du carbone. Les puits de carbone comme les océans, les sols et les forêts sont des alliés naturels de l’homme puisqu’ils absorbent chaque année environ 10 gigatonnes de CO2. Des capacités d’élimination du carbone spectaculaires mais pour l’instant loin de permettre la neutralité : en 2019, les émissions mondiales de CO2 atteignaient 34 gigatonnes. (source banquemondiale)
Pourquoi a-t-on besoin d’atteindre la neutralité carbone ?
La neutralité carbone est la solution identifiée pour éviter les pires scénarios climatiques.
Limiter le réchauffement climatique
La réalisation des objectifs de neutralité carbone est essentielle car elle permet de limiter le réchauffement climatique. Il est déjà acquis que la température moyenne de la Terre a augmenté de 1°C depuis le début de l’ère industrielle. Pour limiter cette augmentation à 1,5°C voire 2°C, il est vital de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre jusqu’à atteindre la neutralité carbone.
Éviter les scénarios du pire
Si la communauté internationale ne parvient pas à réaliser les objectifs de neutralité carbone, le climat est susceptible de s’emballer.
Les scénarios du GIEC qui font état d’un réchauffement global supérieur à 3° C n’ont rien de fantaisistes et certains de leurs effets sont déjà perceptibles.
Ainsi, le phénomène de la fonte des glaces connaît une augmentation inquiétante : 1300 milliards de tonnes de glaces fondent chaque année actuellement contre environ 800 milliards de tonnes par an dans les années 1990. (source Geo)
Conséquence directe du réchauffement climatique, la fonte des glaces peut aussi l’accélérer : la fonte d’une partie conséquente du pergélisol est susceptible de libérer énormément de GES.
Dans le cadre des Accords de Paris, la réalisation des objectifs de neutralité carbone d’ici 2050 permet à la communauté internationale de rester maîtresse de son destin. Les effets du réchauffement climatique étant déjà très inquiétants, l’enjeu est de limiter le plus possible l’ampleur du phénomène.
Comment atteindre la neutralité carbone ?
Deux leviers complémentaires doivent être actionnés par les pays, les entreprises et les particuliers pour atteindre la neutralité carbone : diminuer les émissions de CO2 et augmenter la capacité d’absorption des puits de carbone.
Diminuer les émissions de CO2
Si on se place d’un point de vue mondial, les secteurs les plus émetteurs de CO2 sont la production d’électricité (41 % des émissions) et les transports (24 % des émissions).
(source Gouv)
En concentrant près des deux tiers des émissions de CO2 mondiales annuelles, ces secteurs représentent des champs d’action considérables pour atteindre la neutralité carbone. La diminution des émissions passe donc par une transition des énergies fossiles vers les énergies renouvelables.
La décarbonation de la production de l’électricité est un objectif majeur qui faciliterait la transition de l’ensemble des activités. En termes de production d’énergie, le développement des centrales solaires, des éoliennes et de l’hydroélectricité doit permettre de remplacer progressivement les centrales thermiques.
Au niveau des transports, plusieurs chantiers doivent être engagés :
- développer les transports en commun comme le train et le bus
- adapter le mode de transport au besoin, ce qui implique d’utiliser la marche ou le vélo pour des trajets de moins de 5 kms
- soutenir les véhicules électriques, en développant les infrastructures nécessaires (bornes de recharge) et en proposant des aides à l’achat
Développer les puits de carbone
Avant de parler de développement, soulignons que d’énormes efforts doivent être consentis simplement pour préserver les puits de carbone existants. En 2021, plus de 11 millions d’hectares de forêt ont ainsi été détruits, permettant ainsi le rejet dans l’atmosphère de 2,5 Gt de CO2 ! (source LeParisien)
Outre la préservation des puits de carbone naturels, différentes pistes sont actuellement explorées. Il peut s’agir d’optimiser les procédés naturels grâce à la géoingénierie : des projets de “fertilisation” de l’océan visent à développer le plancton et donc augmenter la captation de CO2. D’autres solutions consistent à créer des puits de carbone artificiels : en captant les émissions à la source puis en enfouissant le CO2 sous forme liquide.
Malgré leur potentiel innovant, ces différents projets sont aujourd’hui très insuffisants pour atteindre la neutralité carbone. Leur développement ne doit donc pas prendre le pas sur les efforts en termes de sobriété énergétique.
Peut-on encore atteindre les objectifs de neutralité carbone en 2050 ?
Le gouffre existant entre les émissions actuelles de CO2 et les objectifs permettant seulement de limiter l’augmentation de la température à 1,5 ou 2°C ont de quoi nourrir l’éco-anxiété… Ces objectifs sont pourtant réalisables en pratique : l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a élaboré quatre scénarios respectant la neutralité carbone à l’horizon 2050 (source Ademe).
Neutralité par la sobriété
Ce scénario suppose des transformations importantes en termes de consommation et de déplacement. Il permet de ne pas recourir aux technologies de captage de CO2 et mise sur la contrainte (obligation, interdiction et quotas…) pour faire évoluer les habitudes. Dans ce cadre, l’Ademe évalue que la demande énergétique baisse de 55 % par rapport à 2015.
Neutralité par la coopération
Cette voie se base sur une transformation de l’économie, davantage basée sur le partage et la coopération. La société est reterritorialisée, avec un énorme effort consenti en termes de rénovation énergétique. Les villes se concentrent en hauteur mais ne rognent plus sur les espaces naturels. La demande énergétique est sensiblement identique à celle du premier scénario, avec un mix dominé par l’électricité et la biomasse.
Neutralité par l’efficacité énergétique
Le recours aux technologies vertes permet ici d’atteindre la neutralité carbone. L’efficacité énergétique est mobilisée, à travers une rénovation massive des habitations, ainsi qu’un important cycle de déconstruction-reconstruction : 36 % du parc de résidences principales a été construit après 2015. La consommation de biomasse est maximale mais la demande énergétique baisse tout de même de 40 % par rapport à 2015.
Neutralité par la compensation et la réparation
Le dernier scénario prend la forme d’un pari : les habitudes en termes de déplacement et de consommation restent identiques à celles du début du XXIème siècle, mais sont compensées par le captage et le stockage géologique du CO2. Plus de 75 % de la biomasse est valorisée énergétiquement afin de compenser la raréfaction des énergies fossiles.
A noter : même si certains scénarios se basent sur des technologies encore balbutiantes à l’heure actuelle, notamment en termes de captation de CO2, tous tablent sur une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre.
Questions fréquemment posées
Quel est l'objectif pour 2050 ?
Il est nécessaire d’atteindre la neutralité carbone en 2050 afin de limiter les effets déjà dévastateurs du réchauffement climatique. En réalisant cet objectif, le réchauffement serait limité à 1,5 ou 2°C.
Comment atteindre la neutralité carbone en entreprise ?
Pour atteindre la neutralité carbone en entreprise, l’idéal est de commencer par faire un état des lieux afin d’identifier les éléments les plus émetteurs : déplacement, fabrication, consommation d’énergie, etc.
Quelle est la différence entre neutralité carbone et Net Zéro CO2 ?
Net Zéro CO2 implique qu’il n’y a aucune émission de CO2 alors que la neutralité carbone signifie que les émissions sont directement ou indirectement compensées.
Quelle devra être l'empreinte carbone moyenne pour atteindre la neutralité carbone en 2050 ?
L’empreinte carbone moyenne pour atteindre la neutralité carbone en 2050 devra être d’environ 2 tonnes par personne et par an. Actuellement, l’empreinte carbone moyenne d’un Français est d’environ 9 tonnes chaque année.
Comment neutraliser le carbone ?
Pour neutraliser le carbone, il faut compenser les émissions de CO2 par la captation permise par les puits de carbone (forêts, sols, océans…). Cela implique donc de baisser les émissions et de développer les puits de carbone.