La décarbonation : un enjeu majeur pour l’avenir de la planète
- Article mis à jour le 14 août 2024
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La décarbonation est la baisse des émissions de dioxyde de carbone. Il s’agit d’un projet déjà engagé depuis plusieurs années dans l’optique de la lutte contre le réchauffement climatique. Ce processus est global : il concerne tout le monde, depuis le simple citoyen jusqu’aux plus grands pays du monde, en passant par les entreprises de toutes tailles.
Si l’enjeu est capital, le défi qui l’accompagne est immense. Pour que la décarbonation soit menée à bien, ou au moins atteigne des résultats significatifs, c’est une transformation radicale qui doit s’opérer. La transition énergétique n’est que la partie visible de l’iceberg.
Définition de la décarbonation
Le dérèglement du climat, et plus particulièrement son réchauffement, a des conséquences aujourd’hui concrètes sur nos modes de vie. À terme, c’est l’avenir des générations futures qui pourrait être remis en cause si aucune action d’envergure n’est menée.
La décarbonation fait partie des leviers dont nous disposons pour lutter contre le réchauffement climatique. Il s’agit d’un large panel de mesures qui se rejoignent sur un même objectif : diminuer l’empreinte carbone laissée par les êtres humains au travers de leurs activités.
La décarbonation vise donc à diminuer l’utilisation d’énergies fossiles et l’émission de dioxyde de carbone, et plus généralement de gaz à effet de serre (GES). Pour y parvenir, le recours à des énergies renouvelables est naturellement privilégié, mais il ne suffit pas à lui seul. C’est notre façon de consommer qui doit être intégralement repensée, pour accomplir un pas significatif vers la sobriété énergétique.
Décarbonation ou décarbonisation ?
Si le Journal Officiel, en 2019, semble avoir tranché en faveur de la décarbonation, il est encore courant de voir surgir ici et là la décarbonisation… Quoi qu’il en soit, ces deux mots désignent la même chose et sont parfaitement substituables l’un à l’autre.
Une situation préoccupante, sinon alarmante
Partout sur la planète, les températures moyennes augmentent, et ce n’est qu’un début : la hausse continue d’émission de dioxyde de carbone va produire des effets durant plusieurs décennies.
En 2022, le ministère de la Transition écologique a publié certaines données, qui donnent un aperçu incontestable de la situation actuelle (1) :
- Entre 1990 et 2019, les émissions de CO2 fossiles ont augmenté dans le monde de 68%.
- Entre 1850 et 2020, la température moyenne sur Terre a augmenté de 1,1°.
- Le niveau des mers a progressé de 9 centimètres en moins de trente ans, sur la période 1993-2019.
Ce rapport met également en évidence la façon dont se répartit l’émission globale de dioxyde de carbone : 41% est due à la production d’électricité, 24% aux transports, 19% à l’industrie et la construction…
Si l’on s’intéresse au nombre de tonnes de CO2 émises par l’habitant, on trouve sans surprise en tête les États-Unis (15,6) et la Chine (8,3). L’Union Européenne est à 6,6 et la France à 4,8.
Des perspectives peu réjouissantes
L’exploitation des énergies fossiles constitue la principale cause d’émission de gaz à effet de serre. C’est notamment la combustion du charbon et des hydrocarbures qui est en cause : le fait de rejeter du CO2 et du méthane accentue considérablement le dérèglement climatique.
Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a élaboré plusieurs scenarii sur l’évolution du climat à l’horizon 2100 (2). Chacun s’appuie sur des évolutions plausibles à différents niveaux, que ce soit économique, politique, social ou technologique.
L’hypothèse la plus alarmiste prévoit, à la fin du siècle, une hausse moyenne de la température supérieure à 4,5°, ce qui aurait des conséquences gigantesques et dramatiques. Parallèlement, le scénario le plus optimiste mise sur une hausse de 1,5° d’ici 2100, ce qui suffit à résumer l’urgence de la situation dans laquelle nous sommes.
La politique mondiale en termes de décarbonation
Si les conséquences de divers traités et conférences restent marginales, on peut soulever que sous l’impulsion des Nations Unies, une première conférence sur l’environnement humain a eu lieu en 1972.
Les sommets de la terre, qui réunissent tous les dix ans les dirigeants des pays du monde, traduisent cette nouvelle préoccupation. Le protocole de Kyoto (3), en 1997, a été la conséquence directe de ces rassemblements : pour la première fois, un objectif commun lié à la limitation d’émission de gaz à effet de serre a été adopté.
Un deuxième accord, celui de Paris, a été ratifié par l’Union Européenne et 195 pays, lors de la COP 21 de Paris. Entré en vigueur en 2016, il constitue un véritable tournant dans la lutte contre le dérèglement climatique.
L’objectif du texte est de maintenir l’augmentation de la température mondiale en dessous du seuil des 2°, et si possible à 1,5° (par rapport aux niveaux pré-industriels).
En Europe, des objectifs ambitieux
Les engagements de l’Union Européenne en matière de lutte contre la hausse des températures sont concentrés dans le pacte vert (The European Green Deal en version originale). L’objectif est d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, donc que les émissions de gaz à effet de serre soient totalement compensées.
Ceci implique que tous les gaz rejetés dans l’atmosphère soient recueillis par des puits de carbone, qui sont de gigantesques réservoirs . Ces puits peuvent être naturels (sols, forêts et océans) ou artificiels.
Depuis le 30 juin 2021 et la loi européenne sur le climat, un objectif intermédiaire a été mis en place : il s’agit de faire chuter les émissions de gaz à effet de serre de 55% (au moins) d’ici 2030, par rapport aux niveaux constatés en 1990.
La décarbonation en France via la SNBC (Stratégie nationale bas carbone)
La stratégie nationale bas-carbone, également connue sous son acronyme SNBC, fixe les objectifs à remplir pour atteindre, d’ici 2050, la neutralité carbone voulue par l’Union Européenne.
Un plan ambitieux de décarbonation de l’industrie, décliné en 10 objectifs, a ainsi été mis en place. 5,6 milliards d’euros ont été débloqués pour aider financièrement les entreprises à utiliser des moyens de production innovants et non émetteurs de gaz à effet de serre.
Pour chaque grand domaine d’activité, la SNBC détermine des plafonds en termes de carbone, qui constituent des objectifs à atteindre par période. Ces plafonds sont exprimés en millions de tonnes de CO2 équivalent, notés “Mt éq CO2”
Sur la première période 2015-2018, le bilan avait été médiocre, puisque le seuil limite (442 Mt éq CO2) avait été dépassé de 61 millions de tonnes. Ce sont les secteurs du bâtiment et du transport qui ont été les principaux responsables de ce dépassement.
Ceci montre à quel point les émissions de gaz à effet de serre concernent des secteurs variés. Ainsi, en 2019, 68% de ces émissions étaient dus à l’utilisation de l’énergie dans le tertiaire, le résidentiel, la construction, l’industrie manufacturière et le transport. L’agriculture représentait 17% des GES, les procédés industriels 11% et le traitement des déchets 4%.
Les différents plafonds, actuels et futurs, sont les suivants :
- 399 Mt éq CO2 pour la période 2019-2023
- 358 Mt éq CO2 pour la période 2024-2028
- 300 Mt éq CO2 pour la période 2029-2033.
Pour la France, une position à relativiser (5)
Dans l’Union Européenne, la France occupe le deuxième rang au niveau de la quantité de gaz à effet de serre émise annuellement, avec 423 millions de tonnes. Notre pays se place derrière l’Allemagne (778,7) et devant l’Italie (422,6), la Pologne (402,4) et l’Espagne (297,2).
Toutefois, si l’on rapporte ce chiffre à la population, on constate que la France n’est que le 27ème pays, donc parmi les moins pollueurs de l’UE.
Quelle est la feuille de route de la décarbonation ?
Il existe plusieurs leviers pour faire baisser drastiquement l’émission de gaz à effet de serre. Les principaux sont :
- La réalisation de bilans carbone pour les entreprises
- L’amélioration des performances énergétiques des bâtiments professionnels et habitations
- Le recours à une part croissante d’énergies renouvelables dans le mix énergétique
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Je fais une estimationDécarbonation de l'industrie : le bilan carbone pour les entreprises et organisations
Le bilan carbone permet, sur une année, de quantifier le gaz à effet de serre produit par une entreprise. Pour cela, l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a mis au point un processus précis. Il doit être fait à intervalles réguliers, tous les trois ou quatre ans selon la nature de l’entreprise ou organisation.
Le bilan carbone fait partie intégrante du code de l’environnement. Il est donc obligatoire pour :
- Les services de l’État.
- Les entreprises de plus de 500 salariés en France métropolitaine. Pour les territoires d’Outre-mer, ce seuil est abaissé à 250 salariés.
- Les collectivités territoriales qui concernent plus de 50.000 habitants.
- Les établissements publics qui comptent plus de 250 fonctionnaires.
Les trois scopes des émissions de CO2
Toutes les émissions de dioxyde de carbone ne sont pas logées à la même enseigne dans l’établissement du bilan. Il existe ainsi trois périmètres, que l’on retrouve sous le nom de scopes :
- Le premier périmètre concerne les émissions de gaz à effet de serre directes, principalement celles qui découlent de la fabrication d’un bien ou d’un produit.
- Le deuxième concerne les émissions de GES indirectes, comme l’énergie nécessaire au fonctionnement de l’entreprise.
- Le troisième regroupe tout ce qui est associé au transport de marchandises, à l’approvisionnement en matériaux ou matières premières, aux déchets engendrés par l’activité, ou encore au déplacement des salariés dans le cadre de leur mission ou pour se rendre sur leur lieu de travail.
Si ce bilan carbone est obligatoire pour certaines entreprises, il représente également pour elles une formidable opportunité de cerner les pistes d’amélioration dans leur démarche de décarbonation. Ceci engendre à terme des économies d’énergie et constitue l’assurance d’une image d’une organisation soucieuse de l’environnement, susceptible de plaire à des clients potentiels.
Décarboner l'industrie et les habitations grâce aux travaux de rénovation énergétique
On touche ici à l’efficacité énergétique, donc aux performances des bâtiments professionnels et des habitations. Il existe aujourd’hui de nombreux travaux qui permettent d’optimiser la consommation de gaz ou d’électricité, et une large panoplie d’aides sont accessibles pour alléger la facture : Certificats d’économie d’énergie (CEE), TVA à taux réduit, dispositif Ma Prime Rénov’, l’Éco-prêt à taux zéro…
Voici notamment ce qu’il est possible de faire pour éliminer les ponts thermiques et investir dans des équipements efficaces et respectueux de l’environnement :
- Améliorer l’isolation thermique du bâtiment, que ce soit au niveau des murs, du sol, des combles ou de la toiture.
- Investir dans des moyens de chauffage comme une pompe à chaleur ou une chaudière biomasse.
- Installer une VMC double-flux, peu gourmande en électricité. Elle a de plus l’avantage de renouveler l’air à l’intérieur du logement et de préchauffez l’air “nouveau” avant que celui-ci n’y entre.
- Pour la décarbonation de l’industrie, mettre en place des systèmes moto-régulés pour améliorer l’efficacité énergétique des moteurs.
Les sources d’énergie renouvelables sont de facto inépuisables : le fait de les utiliser n’altère pas leurs réserves. Il s’agit essentiellement du solaire, de l’éolien, de la géothermie ou de l’hydraulique.
Ces énergies sont naturellement plus propres que les énergies fossiles, et elles ont l’avantage d’être “gratuites”, une fois que le site de production a été mis en place. Si les quantités d’énergie produites sont soumises aux aléas météorologiques, elles ont un rôle capital à jouer dans le processus de décarbonation.
En 2020, la part des énergies renouvelables, sur les 2571 TWh d’énergie primaire consommés en France, était de 12,9%, loin derrière le nucléaire (40%), le pétrole (28,1%) et le gaz naturel (15,8%) (6).
Questions fréquemment posées
C'est quoi la décarbonation de l'industrie ?
La décarbonation de l’industrie se fait à trois niveaux, qui se rejoignent sous le même objectif : limiter l’émission de gaz à effet de serre. Le premier périmètre concerne les émissions qui découlent directement de la fabrication d’un bien ou d’un produit. Le deuxième concerne les émissions de GES indirectes, comme l’énergie nécessaire au fonctionnement de l’entreprise.
Enfin, le troisième regroupe tout ce qui est associé au transport de marchandises, à l’approvisionnement en matériaux ou matières premières, aux déchets engendrés par l’activité, ou encore au déplacement des salariés dans le cadre de leur mission ou pour se rendre sur leur lieu de travail.
Décarboner ou décarboniser ?
Il est fréquent de voir surgir l’un ou l’autre de ces termes sur les articles liés à la limitation des émissions de gaz à effet de serre. La confusion provient de l’anglais, où decarbonation côtoie decarbonization. Si le Journal Officiel, en 2019, semble avoir tranché en faveur de la décarbonation, il est encore courant de voir écrit ici et là la décarbonisation… Quoi qu’il en soit, ces deux mots désignent la même chose et sont parfaitement substituables l’un à l’autre.
Qui est concerné par la décarbonation ?
La décarbonation n’est pas un processus qui ne concerne que quelques acteurs de la société. Qu’il s’agisse de personnes morales ou physiques, toutes ont leur rôle à jouer pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et ainsi œuvrer pour la longévité de notre planète.
Cette lutte est indissociable d’une profonde refonte économique et sociale, dans laquelle États, industries, entreprises privées, entreprises publiques et citoyens ont tous, à leur niveau, une mission à remplir.
Comment faire la décarbonisation ou décarbonation ?
La décarbonation est un processus global, qui concerne tous les pans d’une société. Pour les entreprises, cela passe par la réalisation régulière de bilans carbone, afin de cerner les pistes d’amélioration pour moins émettre de gaz à effet de serre. Les travaux de rénovation énergétique, que ce soit pour les entreprises ou les particuliers, doivent également œuvrer pour une meilleure efficacité en la matière.
Enfin, augmenter la part des énergies renouvelable dans le mix énergétique constitue également une action prépondérante dans le processus global de décarbonation.
(1) (6) https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/
(2) https://www.i4ce.org/
(3) https://www.vie-publique.fr/
(4) https://unfccc.int/
(5) https://www.touteleurope.eu/