Compensation carbone : qu’est-ce que c’est et comment réduire son empreinte ?
- Article mis à jour le 12 décembre 2024
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Electricité et gaz renouvelables
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En bref
- La compensation carbone consiste à neutraliser ses émissions de CO₂ en finançant des projets qui réduisent ou absorbent une quantité équivalente de carbone.
- La loi sur le climat en 2021 fixe pour l’UE objectif zéro émission de CO₂ d’ici à 2050.
- Les programmes de compensation carbone peuvent financer des projets de reforestation, d’énergie renouvelable, de captage et de destruction de méthane, d’amélioration de l’efficacité énergétique ou même d’agriculture durable.
- Pour s’assurer de la fiabilité d’un programme de compensation carbone, il existe des certifications et labels, comme Gold Standard, Verra, Global Carbon Council, Cercarbono, etc.
- La compensation carbone peut également se jouer à la maison, en appliquant les éco-gestes et les règles de la consommation responsable.
Qu’est-ce que la compensation carbone ?
La compensation carbone est une démarche qui vise à neutraliser les émissions de gaz à effet de serre (GES) produites par une activité humaine, en investissant dans des projets qui réduisent ou absorbent une quantité équivalente de CO₂.
Grosso modo, c’est un peu comme se dire « je sais que j’ai pollué un peu ici, alors je vais aider à réduire la pollution ailleurs pour équilibrer les choses ».
En d’autres termes, lorsqu’une personne ou une entreprise ne peut pas réduire toutes ses émissions, elle peut compenser les émissions restantes en soutenant des initiatives comme la plantation d’arbres, l’installation de panneaux solaires, ou des projets de capture de carbone. Par exemple, une entreprise qui émet 100 tonnes de CO₂ par an peut financer un projet qui élimine 100 tonnes de CO₂ de l’atmosphère, et ainsi devenir « neutre en carbone ».
Objectif : atteindre la neutralité carbone
La neutralité carbone, de son côté, signifie que la quantité de CO₂ émise par une entreprise, un pays ou même une personne est égale à la quantité de CO₂ absorbée ou compensée.
L’objectif est ainsi d’atteindre un équilibre entre ce qui est rejeté dans l’atmosphère et ce qui en est “retiré”, pour ne plus augmenter la quantité de gaz à effet de serre et ainsi limiter le réchauffement climatique. Et ça, c’est une perspective qui fait rêver l’Europe !
Pacte, lois et stratégies nationales
L’Union européenne s’est engagée dans une politique climatique pour le moins ambitieuse. Dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe, celle-ci vise à devenir le tout premier continent à éliminer autant d’émissions de CO₂ qu’elle en produit d’ici à 2050. Un objectif confirmé par la loi sur le climat en 2021.
En France, on se met donc au diapason, via (entre autres) la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC). Ce n’est autre que la feuille de route hexagonale, pour lutter contre le changement climatique. Parce que OUI, la neutralité carbone joue un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique !
En diminuant les émissions de CO₂ et en cherchant à atteindre la neutralité carbone, on participe à :
- Limiter le réchauffement climatique
- Préserver les écosystèmes
- Protéger la santé humaine
- Éviter les catastrophes naturelles
- Assurer un avenir durable
Comment fonctionne la compensation carbone ?
La compensation carbone permet donc aux entreprises, organisations et particuliers de neutraliser leurs émissions de CO₂ en finançant des projets qui réduisent ou capturent des gaz à effet de serre ailleurs. Avant de compenser, il est toutefois essentiel de calculer ses émissions de gaz à effet de serre, qui incluent :
- Les émissions directes (comme celles qui proviennent des véhicules ou des processus industriels).
- Les émissions indirectes (comme celles générées par la consommation d’électricité ou le chauffage).
On procède alors à ce que l’on appelle un « bilan carbone ». Cette démarche est d’ailleurs obligatoire pour certaines organisations, comme les entreprises de plus de 500 salariés en France Hexagonale ou les entreprises de plus de 250 salariés en outre-mer.
Une fois les émissions calculées, il est possible d’acheter des crédits carbone. Chaque crédit correspond à une tonne de CO₂ évitée ou absorbée grâce à un projet environnemental.
Crédit carbone et marché de la compensation carbone
Un crédit carbone est un certificat qui représente l’évitement ou la réduction d’une tonne de CO₂ (ou équivalent) émise dans l’atmosphère. Ce crédit peut être acheté par une entreprise ou une organisation pour compenser ses propres émissions de gaz à effet de serre.
En d’autres termes, si une entreprise émet 100 tonnes de CO₂ par an, elle peut acheter 100 crédits carbone pour neutraliser son impact sur le climat. Ces crédits sont générés par des projets qui réduisent ou capturent des émissions, comme la reforestation, les énergies renouvelables ou la capture de méthane.
Le marché de la compensation carbone est un système via lequel des crédits carbone sont échangés entre ceux qui veulent compenser leurs émissions (comme les entreprises) et ceux qui les génèrent (comme les projets de réduction d’émissions).
En 2020, ce sont environ 190 millions de tonnes équivalent CO2 de crédits carbone qui ont été échangées sur le marché mondial ! La demande mondiale en crédits carbone volontaires pourrait même être multipliée par 15 d’ici à 2030, et par 100 d’ici à 2050.
Différentes options de compensation : reforestation, projets d’énergie renouvelable...
La compensation carbone repose donc sur le financement de projets qui permettent de réduire, éviter ou absorber les émissions de gaz à effet de serre. Parmi ces options de compensation carbone, il peut s’agir de :
- Projets de reforestation et afforestation : dans ce cas, des arbres sont plantés pour capturer le CO₂ de l’atmosphère. En effet, les arbres absorbent naturellement le dioxyde de carbone à mesure qu’ils grandissent. C’est ce que peut faire, par exemple, ecotree.
- Projets d’énergie renouvelable : les crédits carbones participent à financer des projets qui produisent de l’énergie propre à partir de sources comme le solaire, l’éolien, l’hydroélectricité ou la biomasse. Ces projets remplacent les énergies fossiles qui émettent du CO₂.
- Projets de captage et de destruction de méthane : il s’agit de réduire les émissions de méthane, un gaz à effet de serre 28 fois plus puissant que le CO₂3, en captant le méthane produit dans les décharges, les stations d’épuration, ou les exploitations agricoles.
- Projets d’amélioration de l’efficacité énergétique : les projets financés améliorent l’efficacité énergétique des bâtiments, des usines ou des infrastructures pour réduire leur consommation d’énergie.
- Projets d’agriculture durable : ces projets financent et encouragent des pratiques agricoles qui réduisent les émissions de GES et augmentent la capacité des sols à stocker du carbone.
- Projets de protection des forêts et prévention de la déforestation : les investissements visent à préserver les forêts existantes, en particulier dans les zones tropicales, pour éviter la libération de CO₂ stocké dans les arbres.
Comment compenser son empreinte carbone au quotidien ?
Pour réduire son empreinte carbone au quotidien, il existe de nombreux (et simples) réflexes à adopter. Que ce soit en choisissant votre mode de transport, en veillant à ce que vous mettez dans votre assiette ou en surveillant votre consommation d’énergie, vous pouvez adoucir votre bilan carbone à votre échelle !
Compensation carbone pour les particuliers : trajets et consommation courante
Si vous souhaitez réduire votre impact sur l’environnement et compenser les émissions de CO₂ liées à vos activités quotidiennes, il existe des solutions simples, à commencer par :
-
- Utiliser des modes de transport plus écologiques : privilégiez les transports en commun (bus, train, tramway) plutôt que la voiture ou l’avion, surtout pour les trajets courts. Optez pour le covoiturage, pour réduire les émissions par passager. Enfin, sans suspens, pour les trajets plus longs, le train est souvent la meilleure option en termes d’impact carbone. Si possible, passez à une voiture électrique ou hybride.
- Réduisez votre empreinte au quotidien : pour ce faire, veillez à acheter des produits locaux et de saison pour éviter les émissions liées au transport. Limitez le gaspillage alimentaire en planifiant vos repas et en conservant les restes. Utilisez des produits réutilisables (bouteilles, sacs, etc.) pour réduire les déchets.
- Veillez à votre alimentation : on estime qu’entre une alimentation « classique » et un régime contenant moins de viande, les émissions de gaz à effet de serre passent de 1,6 tonne à une tonne de CO₂ équivalent par an et par habitant4. Pour faire baisser votre bilan carbone, n’hésitez pas à y aller mollo sur les produits carnés.
Les plateformes de compensation pour particuliers
Si vous pouvez réduire votre bilan carbone au quotidien, certaines de ces émissions de CO₂ sont évidemment incompressibles. Eh oui, il faut bien vivre ! Vous pouvez donc envisager de compenser les émissions restantes en choisissant par exemple une plateforme de compensation carbone, comme :
- MyClimate : qui finance des projets dans les énergies renouvelables et la reforestation.
- Gold Standard : soutenue par WWF, la plateforme garantit un impact environnemental et social positif.
- ClimatePartner : qui vous permet de compenser vos achats en ligne ou vos déplacements.
Compenser 1 tonne de CO₂ coûte entre 5 et 20 euros, selon l’organisme et le type de projet. Un vol Paris-New York aller-retour émet presque 2 tonnes de CO₂ par passager, soit un coût de 10 à 40 euros pour compenser !
Précautions à prendre : Comment éviter le greenwashing ?
Entre compensation carbone et greenwashing, il n’y a qu’un pas. C’est en tout cas ce qu’a relevé l’ONG Greenpeace, qui estime – entre autres – que le dispositif de quotas carbone peut avoir tendance à encourager les entreprises « à compenser leurs émissions plutôt qu’à les réduire ».
Ça ne s’arrête pas là, puisque les programmes de compensation sont également mis en cause : des arbres plantés qui ne pousseront que dans des dizaines d’années, des projets aux conséquences négatives sur l’environnement … Alors, avant de vous lancer dans l’aventure de la compensation carbone, mieux vaut prendre quelques précautions !
Signes d’un programme de compensation carbone crédible
Un bon programme de compensation carbone ne se contente pas de réduire les émissions de CO₂ : il doit aussi apporter des co-bénéfices aux communautés locales et à l’environnement (amélioration des conditions de vie des communautés locales, protection de la biodiversité, soutien à l’économie locale…).
Pour ne pas vous tromper, on vous a concocté une petite checklist pour évaluer un programme de compensation carbone crédible :
Critère |
Description7 |
Les certifications |
Plan Vivo, Gold Standard, Verra, Programme REDD+… |
La transparence |
Les projets sérieux doivent fournir des rapports d’audit réguliers et accessibles pour prouver leur efficacité. |
L’additionnalité |
Le projet doit être financé au moins en partie par la vente des crédits carbone, qui s’additionnent à d’autres financements, comme des subventions par exemple. |
La mesurabilité |
Le projet doit permettre des réductions quantifiables des émissions de CO2 et vérifiables, grâce à des méthodologies reconnues au niveau international ou national. |
La permanence |
Le projet doit avoir un impact durable sur le long terme, et ne pas déplacer les émissions dans le temps. |
Les co-bénéfices |
Le projet doit présenter des bénéfices sociaux et environnementaux. |
L’engagement local |
Le projet doit apporter des bénéfices pour les communautés locales. |
L’éthique |
Le projet doit respecter les droits des populations locales. |
Label de compensation carbone : comment choisir un programme certifié ?
Les offres de compensation carbone sont nombreuses et déterminer lesquelles sont réellement efficaces peut s’avérer être un parcours du combattant. Les labels et certifications aident à garantir que les projets que vous financez ont un impact VRAIMENT positif sur le climat et respectent des standards rigoureux. Les certifications garantissent notamment que :
- Les projets soutenus sont vérifiés par des tiers indépendants
- Les réductions d’émissions sont réelles, mesurables et durables
- Les initiatives financées respectent des critères stricts (transparence, additionnalité et co-bénéfices)
Voici les principaux labels de compensation carbone reconnus par le Ministère de la Transition Energétique pour leur crédibilité et rigueur :
- Gold Standard
- Verified Carbon Standard (VCS) / Verra
- Plan Vivo
- Global Carbon Council
- Cercarbono
- ProClima
- Forest Carbon Partnership Facility
- Puro.earth
- Soil Capital