La consommation électrique en France : historique, état des lieux et chiffres-clés
- Article mis à jour le 31 janvier 2024
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La consommation d’électricité en France n’est pas linéaire dans le temps. Après une envolée de la consommation au lendemain du premier choc pétrolier, en 1973, on assiste en effet depuis un peu moins d’une décennie à une certaine stabilisation.
Si on s’intéresse au quotidien, notre consommation d’électricité connaît des fluctuations importantes au sein même d’une journée ou en fonction des saisons. Et puis, d’un logement à un autre, de nombreux facteurs influencent la consommation des habitants … Connaître ces éléments permet de savoir quand effectuer les gestes pour économiser son énergie.
Parallèlement à ces disparités, il faut savoir que tous les secteurs n’ont pas la même consommation d’électricité. Si nous nous focaliserons avant tout sur celle des ménages, il est à la fois intéressant et instructif de la comparer avec celle des entreprises de toutes tailles, des plus importantes aux plus modestes.
La consommation électrique en France : passé et présent
Entre 1973 et 2010, la consommation électrique annuelle en France a été quasiment multipliée par 2,7, passant de 171 à 471 TWh. L’essor industriel, en pleine période des 30 glorieuses, puis le fait que les ménages s’équipaient de plus en plus en appareils électroménagers, très énergivores, expliquaient largement cette croissance.
Mais cette évolution sur le long terme ne rend pas compte de la situation actuelle. En effet, depuis 2012, notre consommation d’électricité a tendance à se stabiliser, voire à baisser, comme le montre le tableau ci-dessous :
Année | Consommation électrique corrigée en Térawattheures |
2013 | 480 |
2014 | 478 |
2015 | 481 |
2016 | 479 |
2017 | 480 |
2018 | 480 |
2019 | 477 |
2020 | 460 |
Ces chiffres évoquent la consommation corrigée, qui s’oppose à la consommation brute ou réelle. Ici, les aléas météorologiques sont pris en compte pour observer l’évolution structurelle de la consommation, indépendamment des pics de températures et des phénomènes exceptionnels en la matière.
La crise sanitaire due au COVID 19 a logiquement eu un impact sur les baisses observées entre 2019 et 2020 (-3,5%). Mais au-delà de cet aspect conjoncturel, d’autres facteurs viennent expliquer cette tendance.
D’une part, on assiste en France à un réel changement de mentalité : de plus en plus de nos compatriotes s’inscrivent dans une logique de maîtrise de leur consommation énergétique. D’autre part, le radoucissement des températures que l’on observe depuis plusieurs années, et qui semble être un phénomène durable, entraîne logiquement une baisse des besoins en électricité, notamment en période hivernale.
Quelques chiffres de consommations moyennes d'électricité
La consommation par an et par personne en France s’élevait à 2275 kWh en 2021. Cela revient à 185 kWh mensuels et 6 kWh par jour.
La consommation moyenne d’un ménage en France, en 2021, était de 4862 kWh.
Depuis l’ouverture du marché de l’électricité à la concurrence, les prix de cette énergie varient d’un fournisseur à l’autre. Si l’on se réfère au tarif Bleu en option Base d’EDF, qui est un tarif réglementé fixé à 0,2276 € en 2023, on obtient un coût de consommation de 4862 x 0,2276 = 1106,60€.
À ceci il convient d’ajouter le prix de l’abonnement, qui s’élève à 149,28 € pour une puissance de compteur de 6 kVA. Pour un ménage, la facture d’électricité annuelle est donc en moyenne dans ce cas de 1255,90€.
La consommation énergétique (électrique) par secteur
Si l’on différencie les secteurs en fonction de la puissance de compteur souscrite, voici comment se répartit en France la consommation électrique :
- Les grandes industries et collectivités, qui ont une puissance au moins égale à 250 kVA, représentent 40% de la consommation globale *.
- Le secteur résidentiel, donc les ménages, arrive en deuxième position et compte pour 38% de la consommation électrique.
- Les entreprises et collectivités de taille moyenne, dont la puissance de compteur est comprise entre 36 et 250 kVA, sont au troisième rang avec 13% de la consommation.
- Enfin, 9% concernent les petits professionnels, qui ont souscrit une puissance de compteur inférieure ou égale à 36 kVA.
Parmi les grands groupes industriels, la SNCF est le premier consommateur d’électricité en France. Chaque année, elle consomme 7 TWh, ce qui est l’équivalent de la production d’une centrale nucléaire. Cela représente 10% de l’ensemble de la consommation électrique industrielle, et 1% de la consommation totale (2).
La répartition de la consommation d'énergie électrique des ménages
La façon dont les Français consomment de l’électricité n’est pas exactement la même selon qu’ils résident en appartement ou dans une maison. Cela ne change pas pour autant l’ordre dans lequel apparaissent leurs principaux postes de consommation : le chauffage, les appareils électroménagers et l’éclairage, la production d’eau chaude sanitaire et la cuisson des aliments nécessaires à l’alimentation.
Le chauffage
On estime que ce poste représente de loin la consommation la plus importante des ménages : 62% du total, que ce soit en appartement ou dans une maison. Naturellement, de nombreux facteurs ont une influence sur la consommation dévolue aux besoins de chauffage :
- La surface de l’habitation : logiquement, plus la surface est grande, plus la consommation est importante. On estime qu’un mètre carré habitable, pour être chauffé à l’année, représente une consommation électrique de 110 kWh.
- Le nombre de personnes qui composent le foyer.
Les appareils électroménagers
Ces appareils, associés à l’éclairage, représentent 20% de la consommation dans une maison et 17% dans un appartement. Ceci n’est guère surprenant, car selon une étude menée par Ipsos, un foyer possède en moyenne à son domicile pas moins de 99 équipements électriques : 73 pour les appartements et 118 pour les maisons (2).
Là aussi, plusieurs éléments vont exercer une influence non négligeable sur la consommation de ce secteur :
- La taille du logement.
- Le nombre de personnes qui composent le foyer.
- Les habitudes de consommation.
- Le type d’ampoules utilisées (ampoules “classiques”, halogènes, LED…)
- La classe énergétique des différents appareils, obligatoirement présente sur l’étiquette du produit. Pour rappel, A représente la classe la moins gourmande en électricité, et G la plus énergivore pour les lave-vaisselle, lave-linge, lave-linge séchant, réfrigérateurs et téléviseurs.
La production d'eau chaude sanitaire
Élément indispensable au quotidien, l’eau chaude représente à elle seule 14% de la consommation électrique dans un appartement (et 11% dans une maison).
Là encore, le nombre d’habitants dans le logement a une influence directe sur cette consommation. L’utilisation de l’eau également, car ce n’est pas du tout la même chose de prendre un bain ou une douche ou encore de faire la vaisselle à la main ou via un lave-vaisselle.
Enfin, la façon dont le ballon d’eau chaude est réglé (fonctionne-t-il en continu ou seulement durant certaines heures ?) a également son importance.
La préparation des repas
Que ce soit en maison ou en appartement, la consommation d’électricité dévolue à la préparation des repas représente 7% du total. La façon dont on cuisine (à l’aide d’un four traditionnel, d’un micro-ondes, de plaques électriques, de plaques à induction…), la qualité des appareils et naturellement le nombre de personnes dans l’habitation sont à prendre en compte.
Quelle consommation électrique pour le numérique ?
Smartphones, tablettes, ordinateurs, objets connectés… Tous ces appareils ont fait une entrée remarquée dans l’immense majorité des foyers. Naturellement, ils demandent de l’énergie pour fonctionner, et on ne parle ici que de la partie émergée de l’iceberg, celle qui nous touche au quotidien. Parallèlement à ces éléments, les antennes relais, les routeurs, firewalls, fibres optiques et serveurs requièrent également de l’électricité.
En 2015, une étude réalisée par GreenIt (4) démontrait que le numérique, dans sa globalité, représentait une consommation annuelle de 56 TWh, soit 12% du volume global. La répartition est la suivante :
- 43 TWh concernaient les équipements personnels, au domicile des particuliers.
- 10 TWh pour les datacenters.
- 3,5 TWh pour le réseau.
En termes de projection, la consommation d’électricité liée au numérique devrait avoisiner les 70 TWh en 2030.
Quels appareils sont les plus énergivores ?
Parmi tous les éléments présents dans une habitation, ceux équipés d’une batterie ne sont pas les plus énergivores. Certes, il existe par exemple une différence de consommation entre un téléphone “basique ” et un smartphone dernier cri, mais elle est négligeable.
A l’opposé, les appareils qui doivent être branchés sur secteur pour fonctionner sont nettement plus gourmands, à l’image des consoles et écrans. Ici, un haut niveau de technicité va de pair avec une consommation importante : un jeu en 3D qui fonctionne sur une console dernière génération consomme beaucoup.
Il en est de même pour les téléviseurs. Ainsi, une TV HDR, capable de restituer une formidable gamme de couleurs et de contrastes, consomme deux fois plus d’électricité qu’un appareil de moyenne gamme (5).
Attention au mode veille !
Les différents appareils numériques consomment de l’électricité lorsqu’ils ne sont pas éteints et restent en mode veille. Mais tous ne le font pas de la même façon. Ainsi, s’il est toujours préférable d’éteindre ordinateurs et téléviseurs, l’impact sur la consommation d’électricité est assez mesuré.
Il n’en est pas de même en ce qui concerne les assistants virtuels, lorsqu’ils sont dotés d’un écran qui reste allumé en permanence. Ceci entraîne une consommation électrique loin d’être anodine, à l’image des consoles de jeux vidéo les plus récentes.
Une récente étude réalisée par le journal anglais The Guardian a ainsi révélé qu’un assistant Amazon avec un écran de 10 pouces coûtait 10,5€ d’électricité en mode veille. Pour une X Box X, la dépense avoisine les 15€.
La recharge des moyens de locomotion électriques
Depuis treize ans, ce sont 1,2 million de voitures électriques qui ont été mises en circulation en France. Si leur impact environnemental est très faible en comparaison des moteurs thermiques, qu’en est-il de leur consommation d’électricité lorsque l’on décide de les recharger ?
Tout dépend du modèle
Tout dépend naturellement du modèle concerné. De manière générale, la consommation d’une voiture électrique se situe aux alentours des 15 kWh pour 100 kilomètres. D’autres éléments, comme le type de routes (planes ou en montagne) ou les conditions météorologiques peuvent également avoir une influence.
Si l’on s’intéresse au coût engendré pour une recharge, le fait de le faire à domicile est sans contexte la solution la plus avantageuse. Tout dépend ensuite du fournisseur d’électricité et du type de contrat, mais pour une consommation de 15 kWk/100km, le coût associé est environ de 3,9 € en heure pleine, et 1,9€ en heure creuse.
Vélos et trottinettes...
La consommation d’un vélo électrique n’est pas simple à définir, car de nombreux paramètres sont susceptibles d’interférer : la puissance du moteur, le niveau d’assistance, le poids de celui qui utilise le vélo, le type de voie empruntée…
Néanmoins, pour une recharge totale, un vélo consomme entre 0,3 et 0,7 kWh d’électricité. Cela rend le coût de cette charge assez faible, puisqu’il se situe aux alentours des dix centimes d’euros.
En ce qui concerne les trottinettes, il existe une très grande variété de modèles, aux performances extrêmement disparates. On estime cependant qu’une recharge complète de la batterie consomme environ 0,29 kWh, ce qui occasionne un coût d’environ six centimes par cycle.
Une consommation électrique variable
Nous l’avons déjà évoqué, la consommation électrique d’un ménage est liée à un certain nombre d’éléments : la surface du logement, le nombre d’habitants, la façon dont l’électricité est consommée, la performance des équipements, le système de chauffage…
Néanmoins, d’autres éléments, autres que ceux cités plus haut, jouent également un rôle prépondérant.
Selon les heures de la journée
Naturellement, la consommation électrique en France n’est pas la même à toutes les heures de la journée. Ceci est parfaitement logique, car l’usage de cette énergie est le reflet de notre activité quotidienne. On distingue ainsi :
- Deux périodes de creux, où la consommation est très faible. Ceci correspond à la nuit (entre 20 heures et 8 heures du matin et à l’après-midi, entre 14 et 17 heures.
- Des pics de consommation qui correspondent aux repas et aux moments où les occupants sont généralement présents : vers 8 heures du matin, 13 heures et entre 19 et 20 heures.
Selon les saisons
Chaque année, on enregistre des pics et des creux de consommation en fonction des saisons. Ainsi, le besoin en éclairage n’est pas le même en hiver et en été, car les journées s’étirent naturellement au printemps et en période estivale.
Les températures ont également une influence majeure. Les besoins de se chauffer sont importants en hiver et nuls en été. Le Réseau de Transport d’Électricité (RTE), selon un bilan paru en 2020 (3), estime ainsi que la consommation augmente de 2400 MW par degré perdu en période hivernale.
Sur l’année 2020, la consommation électrique la plus importante a été constatée le mercredi 22 janvier, avec un pic à 83,2 GW. Ceci se situe dans la moyenne de ce qui a été constaté depuis une vingtaine d’années. A titre de comparaison, le pic de consommation estival n’a été cette année-là que de 54,9 GW (le 9 juillet).
Le jour de l’année 2020 où la consommation a été la plus faible est le dimanche 10 mai, avec seulement 28,7 GW. Ceci constitue un record en ce sens, depuis 2003. Traditionnellement, ce creux s’observe au mois d’août, mais le 10 mai 2020 marquait la fin du confinement et il s’agissait d’un week-end de trois jours particulièrement ensoleillé.
Selon le DPE
Bien connu des acteurs de l’immobilier, le diagnostic de performance énergétique évalue la consommation énergétique d’une habitation et son émission de gaz à effet de serre. Les logements étiquetés “Bâtiments Basse Consommation”, c’est à dire ceux classés A ou B, bénéficient d’une excellente isolation : les ponts thermiques sont inexistants et l’appartement ou la maison retient bien la chaleur à l’intérieur.
Plus le DPE est bon, plus la consommation électrique est réduite : on peut ainsi moins se chauffer l’hiver et conserver de la fraîcheur en été, ce qui évite l’utilisation intempestive de climatiseurs.
Selon la performance des appareils électriques
L’importance de la classe énergétique des appareils électroménagers de la maison a déjà été mentionnée. Le tableau ci-dessous montre bien la différence entre la consommation moyenne de plusieurs de ces éléments et celle d’un appareil qui a obtenu la note la plus satisfaisante (A ou A+++ selon l’étiquette associée)
Appareil électroménager | Consommation annuelle moyenne | Consommation annuelle d’un A ou A+++ |
Ballon d’eau chaude | 1697 kWh | 850 kWh |
Machine à laver | 251 kWh | 154 kWh |
Lave-vaisselle | 303 kWh | 172 kWh |
Four | 315 kWh | 84 kWh |
Téléviseur | 358 kWh | 67 kWh |
Éclairage | 450 kWh | 70 kWh |
Appareils numériques | 250 kWh | 10 kWh |
Questions fréquemment posées
Quel est l'appareil qui consomme le plus d'électricité ?
Il faut avant tout savoir que tous les mêmes appareils électroménagers ne sont pas autant gourmands en électricité. Tout dépend en effet de leur classe, qui va de A pour les plus performants à G pour les plus énergivores (ou de A+++ à D pour ceux qui ont conservé l’ancienne classification). Une étiquette est obligatoirement présente sur les appareils concernés pour guider les consommateurs.
Néanmoins, de manière générale, les éléments qui consomment le plus d’électricité sont les radiateurs électriques (1719 kWh consommés par an en moyenne) et le chauffe-eau (1676 kWh).
Quelle est la consommation moyenne d'une maison en kWh ?
Il n’existe pas de réponse universelle à cette question, car de nombreux facteurs entrent en jeu : la surface de la maison, le nombre d’occupants, le nombre de pièces, les habitudes de consommation, le nombre d’appareils électriques, l’isolation thermique du logement…
Pour avoir un ordre de grandeur, on estime que la consommation moyenne est de 110 kWh par mètre carré et par an. Ainsi, pour une maison de 100 mètres carrés, la consommation électrique annuelle se situe aux alentours de 11.000 kWh, selon la qualité de l’isolation.
Comment connaître et calculer la consommation d'un appareil électrique ?
Plusieurs éléments déterminent la consommation électrique d’un appareil : sa puissance, le nombre d’heures quotidiennes où il est utilisé et le nombre de jours sur l’année où l’on s’en sert. Pour connaître précisément la consommation, il convient d’effectuer le calcul suivant :
(nombre d’heures d’utilisation) x (nombre de jours d’utilisation) x puissance de l’appareil, puis de diviser le résultat obtenu par 1000.
A titre d’exemple, un lave-vaisselle qui dispose d’une puissance de 1500 W et qui est utilisé 2 heures par jour durant 200 jours consomme 1500 x 2 x 200 / 1000 =600 kWh d’électricité annuels.
Sources
(2) https://www.leparisien.fr
(3) https://www.ecologic-france.com
(4) https://bilan-electrique-2020.rte-france.com
(5) https://www.notre-environnement.gouv.fr
(6) https://www.lemonde.fr