Phénomène de l’inflation en France : explication, conséquences et focus sur le marché de l’énergie
- Article mis à jour le 31 janvier 2024
- 12 min de lecture
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Il ne se passe pas une journée sans qu’elle ne revienne sur le devant de la scène médiatique : l’inflation en France est partout, et elle constitue une réelle source de préoccupation pour tous les acteurs d’une société. Si elle est à ce point omniprésente, c’est avant tout parce qu’elle concerne tout le monde : nous y sommes tous confrontés, que ce soit en tant que consommateur, actif, retraité, chef d’entreprise, client ou fournisseur.
De manière générale, la plupart des personnes savent ce qu’est l’inflation, en France ou ailleurs. Mais quelle est sa définition exacte ? À quels mécanismes obéit-elle ? À quoi est-elle due ? Quelles sont précisément ses conséquences, d’un point de vue général et plus précisément sur le marché de l’énergie ? Pour tout comprendre sur ce sujet brûlant sans être économiste de formation, découvrez ce qui suit…
La définition de l'inflation
Il est de notoriété publique que dans une économie, les prix des biens et des services ne sont pas fixes dans le temps. Certains évoluent à la hausse, d’autres à la baisse. L’inflation est un phénomène d’augmentation des prix globale : il faut bien comprendre que pour qu’elle soit constatée, cela ne concerne pas que quelques produits.
Quand l’inflation en France s’installe durablement, il est possible d’acheter de moins en moins de biens avec la même somme d’argent. Elle s’attaque donc mécaniquement à la valeur de la monnaie et au pouvoir d’achat des habitants.
La mesure de l'inflation
Pour calculer une hausse des prix moyenne, il faut faire preuve de logique et de pondération. Ainsi, on donne naturellement plus d’importance à des produits incontournables qui constituent une part importante des dépenses, comme l’électricité par exemple. Certains biens de consommation moins prisés, comme les timbres, ont en revanche moins de poids.
Il ne faut pas perdre de vue que chaque individu, ou chaque foyer, a des habitudes de consommation différentes. Par exemple, certaines personnes se déplacent exclusivement à pied ou à vélo, alors que d’autres ont systématiquement recours à leur véhicule, indépendamment de la distance à parcourir. Ce sont donc les dépenses moyennes de la totalité des foyers qui indiquent l’importance des biens et services dans le calcul de l’inflation.
La mesure de l’inflation prend naturellement en compte :
- Les biens dont l’usage est fréquent : les aliments, le carburant…
- Les biens appelés à durer dans le temps : les vêtements, les ordinateurs, les appareils électroménagers…
- Les services : la cotisation des assurances, les loyers, le coiffeur…
Le fameux "panier de la ménagère"
L’expression est connue, mais nombreux sont ceux qui ignorent à quoi elle correspond véritablement. Durant une année, tout ce qui est consommé par un ménage est représenté virtuellement par un panier. Naturellement, chaque élément qui est inclus dans ce panier est soumis à des variations de prix.
On obtient le taux d’inflation annuel en comparant le prix total que représente le panier à un certain mois de l’année, par rapport à celui qui était le sien au même mois de l’année précédente.
Ceci explique pourquoi de nouveaux chiffres de l’inflation apparaissent chaque mois : son calcul ne se fait pas en comparant simplement les deux derniers paniers au 1er janvier, mais de manière lissée dans le temps. Le panier du mois d’octobre 2023 est comparé à celui du même mois en 2022, et c’est la même chose en novembre, décembre, janvier…
L'inflation dans la zone euro
Pour pouvoir comparer les données de tous les pays qui ont l’euro comme monnaie, il est indispensable que tous adoptent la même méthodologie. On a ainsi recours à l’IPCH, ou indice des prix à la consommation harmonisée.
Cette mesure est absolument capitale, car c’est elle qui guide les décisions de la Banque Centrale Européenne (BCE), pour tenter de maintenir l’inflation dans des proportions acceptables.
Les causes de l'inflation actuelle
Si l’inflation est réelle en France, aucun pays européen n’y échappe. Le tableau ci-dessous (1) montre un état des lieux effectué au mois d’août 2023. Globalement, le taux d’inflation à cette date, pour la zone euro, était de 5,2%, et de 5,9% pour l’ensemble de l’Union européenne.
Il faut se souvenir qu’avant le phénomène auquel nous sommes confrontés actuellement, la France, comme la majeure partie des pays occidentaux, sortait d’une très longue période où l’inflation était basse, voire négligeable. Ce qui est constaté au niveau des taux, aujourd’hui, est en fait inédit depuis les années 80.
L’inflation est un phénomène très délicat à décrypter. Elle dépasse très largement l’explication simpliste selon laquelle elle est uniquement dépendante de la quantité de monnaie en circulation. D’ailleurs, lorsque les banques centrales ont massivement créé de la monnaie lors de la dernière décennie, cela ne s’est pas accompagné d’une inflation galopante, au contraire.
- Rappelons que l’inflation se mesure par rapport à ce qui avait constaté un an plus tôt. Or, après les deux années de crise sanitaire, le niveau d’inflation, qui a servi de référence pour le calcul un an plus tard, était historiquement bas.
- À l’issue de la pandémie, les consommateurs se sont précipités sur les biens et les services dont ils avaient été temporairement privés. Dans un tel contexte, il est facile pour les entreprises d’augmenter leurs prix, sans que cela n’affecte le volume de leurs ventes.
De plus, l’offre a parfois eu du mal à suivre cette très forte demande, ce qui a mécaniquement entraîné une hausse des prix.
- Le conflit entre la Russie et l’Ukraine a débouché sur une hausse significative du prix des matières premières : blé, huile, gaz, pétrole… L’Ukraine n’exporte plus, ce qui tarit l’offre, alors que les sanctions contre la Russie contraignent certains pays à revoir leurs approvisionnements, ce qui a évidemment un coût, qui se répercute ensuite sur le prix de vente.
- La relance budgétaire opérée par certains pays, dont la France, a stimulé la demande et accentué l’inflation. Dans notre pays, les dépenses publiques ont ainsi explosé, avec des hausses successives de 5,1% et 4,1% en 2020 et 2021.
- L’euro est depuis de nombreux mois en position de faiblesse et se trouve à peu près au même niveau que le dollar. Dans le même temps, il s’est déprécié par rapport à d’autres monnaies. Le prix des importations, et notamment celui des énergies fossiles, est donc relativement plus élevé, ce qui contribue au phénomène inflationniste.
Le taux d'inflation 2023 en France est-il inquiétant ?
Lorsque les salaires ne sont pas indexés sur la hausse des prix, une inflation entraîne nécessairement une baisse du pouvoir d’achat. Ceci concerne toutes les classes sociales, mais plus particulièrement celles dont les revenus sont modestes.
Avantages d'une inflation maîtrisée
Néanmoins, une “bonne” inflation, contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, ne se rapproche pas obligatoirement d’un taux nul. D’ailleurs, l’un des objectifs de la Banque Centrale Européenne est de la situer aux alentours de 2%.
Une inflation maîtrisée comporte en effet certains avantages :
- Les autorités monétaires peuvent maintenir des taux d’intérêt très peu élevés, ce qui est un facteur favorable pour la croissance.
- Les particuliers et les entreprises, dans ce contexte, peuvent anticiper la hausse des prix, ce qui est très confortable pour réaliser des investissements.
- Avec un taux d’inflation faible mais non nul, les ménages ont tendance à placer leurs “bas de laine”, c’est à dire les liquidités dont ils disposent. Cela débouche sur une épargne disponible sur les marchés et favorise le financement de nouvelles activités.
Les risques d'une inflation importante
Malheureusement, d’après le tableau vu un peu plus haut, le taux d’inflation que connaît actuellement la France se situe assez nettement au-dessus du seuil symbolique des 2%. Plusieurs répercussions sont donc à craindre :
- Un pays qui connaît une forte inflation n’est pas compétitif par rapport à un autre où elle est modérée. Les exportations diminuent car les produits coûtent plus cher, ce qui entraîne une dégradation importante de la balance commerciale.
- Lorsque l’inflation est importante, la rentabilité des investissements est très aléatoire. De fait, cette incertitude débouche sur une baisse de leur volume.
- En cas d’activité économique ralentie, il existe un risque de stagnation, voire même de récession. Dans pareil cas, une hausse du taux de chômage, accompagnée de la dégradation des soldes publics (différence entre les recettes et les dépenses) sont à craindre.
Inflation en France : le prix des énergies
La hausse du prix de l'électricité
Le coût de l’électricité dépend de plusieurs facteurs. Entrent ainsi en ligne de compte :
- Les coûts de production.
- Les coûts de stockage.
- L’approvisionnement.
- L’acheminement.
- Les coûts de commercialisation.
- Les taxes (TVA, Contribution au service public de l’électricité, contribution tarifaire d’acheminement).
- Le prix du gaz : cela peut paraître étonnant, mais une partie de la production d’électricité provient de centrales à gaz.
- Le coût des quotas de dioxyde de carbone.
Le prix final est notamment lié au marché de gros européen. Le prix du mégawattheure était en janvier 2021 de 50€. A la fin de la même année, il était de 222€. Cette forte hausse a bien entendu des conséquences sur la facture que reçoivent les foyers, car il est logique que les fournisseurs, confrontés à des hausses de coût, les répercutent sur leurs tarifs. Cependant, la mise en place du bouclier tarifaire, en 2022 puis prolongé en 2023, a permis de limiter la casse.
Aujourd’hui, le prix du marché de gros a été revu nettement à la baisse, puisqu’il se situe aux alentours de 100 €/MWh en septembre 2023. De plus, de nombreuses centrales nucléaires françaises, arrêtées pour cause de maintenance, ont repris du service, ce qui permet à la France de produire de l’électricité à prix réduit.
Ces bonnes nouvelles doivent cependant être tempérées : en effet, les prix de marché restent pour le moment très élevés, et aucune baisse n’est à attendre avant le début de l’année 2024, au moins.
La hausse du prix du gaz
En 2021, la forte reprise économique provoquée par la fin des confinements a entraîné une très forte hausse de la demande de gaz naturel. Les cours ont donc grimpé de façon très significative, ce qui s’est répercuté sur les factures des consommateurs. Ceci a conduit le gouvernement à geler le tarif réglementé du gaz en octobre de cette même année, pour préserver le pouvoir d’achat des foyers.
La guerre entre la Russie et l’Ukraine a constitué un deuxième électrochoc, mais c’est cette fois l’offre qui a été touchée. De nombreux pays ont dû faire face à des difficultés d’approvisionnement, et les prix ont particulièrement flambé.
Depuis, la situation s’est très nettement améliorée, bien aidée en cela par le plafonnement du prix de gros du gaz naturel. De plus, le dernier hiver a été particulièrement doux, et les différents appels à la sobriété énergétique ont été bien reçus par la majorité des ménages. Enfin, l’Europe peut compter aujourd’hui sur des réserves de gaz naturel conséquentes.
La mise en place du bouclier tarifaire pour le gaz a permis de limiter la hausse des factures à 25€ mensuels en moyenne. Sans cela, elle aurait sans doute avoisiné les 200€. En raison de la baisse du prix de marché du gaz, que ce soit en France ou en Europe, ce bouclier a pris fin le 30 juin 2023.
Précarité énergétique et chèque énergie
En 2021, on estimait que presque 12% des ménages étaient en situation de précarité énergétique. La mise en place du chèque énergie aide les foyers les plus modestes à s’acquitter de leurs factures. Il concerne en 2023 5,6 millions de ménages. Son montant moyen est de 150€, et il est plafonné à 277€ annuels.
Son attribution dépend du niveau de revenus, et il est distribué automatiquement, sans qu’aucune démarche ne soit nécessaire. Ceux qui en bénéficient peuvent ainsi régler leur facture d’énergie, sans distinction (gaz, électricité, bois, fioul…).
Questions fréquemment posées
C'est quoi le taux d'inflation ?
L’inflation est un phénomène d’augmentation des prix globale. Pour qu’elle soit constatée, cela ne concerne pas que quelques produits, mais l’ensemble des biens et services. Quand l’inflation s’installe durablement, il est possible d’acheter de moins en moins de biens avec la même somme d’argent. Elle s’attaque donc mécaniquement à la valeur de la monnaie et au pouvoir d’achat des habitants.
Quel est le bon taux d'inflation ?
Une “bonne” inflation, contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, ne se rapproche pas obligatoirement d’un taux nul. D’ailleurs, l’un des objectifs de la Banque Centrale Européenne est de la situer aux alentours de 2%.
Ceci permet notamment de maintenir les taux d’intérêt à un taux très bas, ce qui est l’un des facteurs les plus importants en faveur de la croissance.
Quelle inflation en France en 2022 et 2023 et pourquoi est-elle plus faible ?
Selon l’Insee, le taux d’inflation sur l’année civile 2022 se situait à 5,2%. En juillet 2023, elle se situait à un niveau quasiment similaire (5,3%). Cela place la France parmi les bons élèves européens en la matière, car d’autres pays, comme l’Allemagne, l’Italie, l’Autriche ou la République Tchèque, font face à des taux nettement plus élevés.
Pour expliquer ces performances, il faut savoir que notre pays est moins exposé que ses voisins à la flambée des prix de l’énergie fossile, grâce à son important parc nucléaire. La mise en place d’aides de l’État, comme le bouclier tarifaire pour le gaz et l’électricité, ou encore les primes sur le litre de carburant, y ont également contribué.
Sources
(1) https://www.touteleurope.eu/
(2) https://www.ecologie.gouv.fr/